Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/86

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s’était laissé prendre. Alors aucun steamer n’avait encore descendu l’Ohio. De temps à autre, à la vérité, passait une barque ou un keelboat qu’on poussait à force de perches et de rames ; mais la nature de la rivière en cet endroit est telle, que ces bateaux, en remontant, étaient obligés de longer la rive indienne, et ne pouvaient regagner le courant qu’au-dessus du petit quai du village, tandis que nos lignes étaient toujours placées au-dessous.

Il y a plusieurs espèces ou variétés de Chats marins dans l’Ohio : entre autres la bleue, la blanche et celle dite couleur de vase, qui diffèrent autant par la forme et les habitudes que par la coloration. La dernière est la meilleure, mais elle atteint rarement la taille des autres. La bleue est la plus grosse, et quand elle ne dépasse pas quatre à six livres, elle fournit un assez bon manger. La blanche est préférable et moins commune. Toutefois, je le répète, la meilleure, comme aussi la plus rare, c’est la variété jaune. On en a pris de bleues qui pesaient jusqu’à cent livres ; mais c’est presque un phénomène.

Chez toutes, la forme tourne au cône. La tête est démesurément large, tandis que le corps va se terminant en pointe à la racine de la queue. Les yeux, petits, très écartés, sont situés sur le devant de la tête, mais latéralement ; la gueule, large et armée de nombreuses dents fines et extrêmement aiguës, est en outre défendue par des épines qui, lorsque le poisson se débat dans l’agonie, se dressent à angle droit et tiennent si solidement, qu’on les casse quelquefois avant de parve-