Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/94

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se dirigeant vers nous. Ils se posèrent en foule sur les grosses branches des arbres morts ; et chaque fois qu’une de ces branches venait à casser sous le poids, ils se renvolaient tous ensemble, passaient et repassaient en l’air à diverses reprises, puis se posaient de nouveau. Un de mes compagnons, profitant d’une occasion, fit feu et en abattit deux avec la même balle ; mais le jeu finit là, car cinq minutes après pas un seul ibis n’était resté à un mille à la ronde, et la place fut désertée pour plus d’un mois. Lorsqu’ils se trouvent au bord d’un lac ou même au milieu (tous les lacs où ils se retirent étant extrêmement peu profonds), ils se mettent immédiatement sur leurs gardes, dès qu’un homme s’offre à leur vue ; et pour peu qu’il avance d’un pas, ils partent tous.

Le nom d’Ibis des bois, qu’on donne à cet oiseau, ne lui convient pas mieux qu’à toute autre espèce, car je n’en connais pas qui, pour le moins autant que celle-ci, ne fréquente les bois à certaines époques de l’année. Toutes, on les rencontre sur les savanes humides, sur les îles, même entourées par les eaux de la mer, par exemple les clefs de la Floride, ou les parties les plus reculées et les plus sombres des bois, pourvu qu’elles soient marécageuses ou qu’il y ait des étangs. J’ai trouvé l’Ibis des bois, le rouge, le blanc, le brun et le vert, autour de ces étangs, au milieu d’immenses forêts, et même sur des landes couvertes de pins, aux Florides ; parfois à plusieurs centaines de milles des côtes de la mer, sur la rivière Rouge, dans la Louisiane et au-dessus de Natchez, dans le Mississipi, aussi bien