Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/95

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qu’à quelques milles de l’Océan. Cependant, au delà de certaines limites, on n’en voit plus.

Voici maintenant l’une des particularités les plus curieuses de l’histoire de ces oiseaux : Pendant qu’ils prennent leur nourriture, ils sont presque constamment à la merci de gros alligators, dont ils mangent les petits, et pourtant ces reptiles ne les attaquent jamais ; tandis que, si un canard ou un héron approche à portée de leur queue, il est infailliblement tué et avalé. Il y a plus : les Ibis passent jusque sous le ventre du crocodile et s’avancent au bord de son trou, sans être le moins du monde inquiétés ; mais si l’un d’eux vient à être tué, le crocodile le saisit immédiatement et l’entraîne sous l’eau. L’orphie n’est pas aussi courtoise : elle donne la chasse aux Ibis, chaque fois que l’occasion s’en présente ; la tortue aussi fait une rude guerre aux jeunes oiseaux de cette espèce.

Le vol de l’Ibis des bois est pesant, lorsqu’il s’enlève de terre. À ce moment, son cou se recourbe profondément en bas ; ses ailes battent lourdement, mais avec une grande force, et ce n’est qu’après avoir ainsi fait péniblement quelques mètres qu’il étend ses longues jambes en arrière. Cependant à peine est-il à huit ou dix pieds du sol, qu’on le voit monter avec une rapidité extrême, le plus souvent en spirale, et silencieusement si rien ne l’effraye. Dans le cas contraire, il fait entendre une sorte de coua coua dur et guttural. Enfin, quand il est en plein vol, il s’en va sans dévier, planant tour à tour et battant des ailes par intervalles de trente ou quarante verges. Il descend sur les arbres avec plus