Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/96

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d’aisance que le héron, et s’y tient droit ou s’accroupit sur la branche, à la manière du dindon sauvage et quelquefois des hérons. Quand il est au repos, son bec se couche sur la poitrine et le cou s’enfonce entre les épaules. Vous pouvez en voir cinquante dans cette attitude, sur le même arbre ou par terre, tous restant des heures entières dans une immobilité parfaite, bien que quelque individu de la bande ait toujours l’œil aux aguets et soit prêt à donner l’alarme.

Au printemps, lorsque ces oiseaux se rassemblent par grandes troupes, avant de retourner aux lieux où ils ont coutume de nicher, j’en ai vu des milliers passer ensemble au-dessus des bois, formant une ligne de plus d’un mille d’étendue, et rasant la cime des arbres avec une légèreté surprenante. Lorsqu’ils ont fait choix de quelque lieu favorable pour élever leur famille, ils y reviennent d’année en année ; et quand ils ont des œufs, il n’est pas facile de le leur faire abandonner. Néanmoins, si on les a trop tourmentés, une fois la saison passée, vous ne les reverrez jamais plus.

Outre la grande quantité de poisson que les Ibis détruisent, ils dévorent aussi des grenouilles, de jeunes alligators, de jeunes râles, des mulots, des crabes et autres crustacés, de même que des serpents et de petites tortues ; cependant jamais ils ne mangent, ainsi qu’on l’a prétendu, les œufs du crocodile, dont, je suppose, ils ne se priveraient pas s’ils pouvaient démolir son nid, trop solidement construit pour eux ; mais c’est là une tâche qui dépasserait les forces de tout oiseau que je connaisse. Jamais non plus je n’ai vu aucun ibis man-