Page:Audubon - Scènes de la nature, traduction Bazin, 1868, tome 2.djvu/98

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des bois, avant d’atteindre le bienheureux lac ! Enfin j’arrive : quelle déception ! les rivages et les arbres aux environs étaient couverts d’Ibis des bois ! Et pourtant, si je m’en étais rapporté aux braves gens qui m’avaient renseigné à leur manière, et que je n’eusse pas vérifié la chose par moi-même, j’aurais pu écrire, comme tant d’autres, qu’on trouve des boubies dans l’intérieur des Florides, qu’elles se perchent sur les arbres… assertion qui, une fois imprimée, eût probablement passé aux âges futurs, grâce à messieurs les compilateurs, tous aussi ignorants que moi.

L’Ibis met quatre ans à acquérir son entier développement, bien que, dès le second printemps, on en voie quelques-uns s’accoupler ; mais c’est rare, car généralement les jeunes vivent en troupes distinctes jusqu’à ce qu’ils aient atteint leur troisième année. Ils sont d’abord d’un brun sombre, avec une bordure plus claire à chaque plume ; la tête est couverte, jusqu’aux mandibules, de plumes courtes et duveteuses qui tombent à mesure que l’oiseau avance en âge. À la troisième année, la tête est toute nue, ainsi qu’une portion de la partie supérieure du cou. Le mâle est beaucoup plus gros et plus pesant que la femelle ; mais il n’y a pas de différence de couleur entre les sexes.