Page:Augier - Théatre complet, tome 5, 1890.djvu/248

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Henri.

Pas du tout.

Raoul.

Voyons, par quel serment faut-il m’engager, quelle attitude dois-je prendre, sur laquelle de nos trois chaises faut-il que je m’assoie pour te prouver que je t’écoute ? (S’asseyant sur une chaise près de la table à gauche.) Suis-je bien là ? tu es forcé de parler, puisque tu prétends avoir une idée.

Henri.

Eh bien, nous pouvons nous tirer d’affaire très aisément, d’une manière sérieuse et honorable. (Il va prendre le devant de cheminée et l’apporte au milieu de la scène.) Voici un paravent que j’ai peint de ma main ; tu n’as jamais voulu le regarder.

Raoul.

Non ! je me doute trop de ce qu’il peut y avoir dessus.

Henri.

C’est Roméo et Juliette.

Raoul.

Ça ?

Henri.

Oui… Ne vas-tu pas encore me chicaner là-dessus ? Tu sais que j’y travaille depuis six semaines. Je crois aujourd’hui mon œuvre achevée et je me détermine à m’en défaire.

Raoul, se levant.

Les marchands, crois-le bien, ne se prêteront qu’avec peine à un tel sacrifice.