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XIVe et XVe siècles, la force, plus fervente, s’exprimait avec plus d’énergie. La Renaissance a nuancé la ferveur de l’amour.

Déclinaison du Gothique dans la Renaissance du XVIe, tu m’as forcé à l’étude de la lumière, j’ai essayé de comprendre tes motifs, tes mille nervures et de mettre quelques-unes de tes richesses dans mes œuvres…


C’est bien le Goût, le sens des convenances, des rapports, qui fait l’unit de la Cathédrale. C’est le Goût qui préside à la disposition des clochers, des portes, de tous les membres du grand Vivant ; et tous ces membres procèdent de la ronde-bosse, qui seule peut nourrir et soutenir les lignes, s’harmoniser avec les images, s’exprimer en dépit des distances et par les distances.


Les écrivains d’art aussi défendent le goût, recommandent la mesure et la clarté. Je ne suis pas bien sûr que, sous les mêmes mots, nous entendions les mêmes choses. C’est de la clarté et du goût des effets que je parle. Le Goût, c’est l’adaptation de la volonté et des forces humaines à la volonté et aux forces de la nature.


Les photographies des monuments sont muettes pour moi ; elles ne m’émeuvent pas, elles ne me laissent rien voir. Ne reproduisant pas convenablement les plans, les photographies sont toujours, pour mes yeux, sécheresses et duretés insupportables. L’objectif voit bas-relief, comme l’œil. Mais devant les pierres, je les sens ! Je les touche partout du regard en me déplaçant, je les vois plafonner en tous sens sous le ciel, et de tous les côtés je cherche leur secret.


La force répugne aux faibles. Ne la comprenant pas, ils ne la désirent pas.

La Cathédrale s’est accomplie lentement et passionnément. Les Romains y ont apporté leur force, leur logique, leur sérénité. Les Barbares y ont apporté leur grâce naïve, leur amour de la vie, leur imagination rêveuse. De cette collaboration, qui n’était pas combinée par un dessein prémédité, a germé l’œuvre, modelée par les temps et les lieux.

C’est le génie français et son image. Il n’a pas procédé par à-coup ; il