Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/108

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Rontó, qui avait rempli l’office de valet de cuisine dans l’armée hongroise, l’instruisait des mouvements de ses ennemis. Tölöki envoya reconnaître le défilé de Törts par quelques centaines de lobontz. On nommait ainsi des soldats d’élite vêtus d’habits rouges, de culottes jaunes, chaussés de ces bottines alors appelées Teleki botskor, et portant au bonnet un plumet d’argent doré. Ils avaient pour armes un sabre recourbé, une épée longue au côté droit, et un fusil qui brillait sur le dos. Les lobontz s’emparèrent par surprise du fort de Törts à la faveur de la nuit, et massacrèrent ou mirent en fuite la garnison.

Heussler avait si bien organisé la défense, qu’il attendait les événements avec une confiance sans bornes. En effet, les défilés une fois fortifiés, l’ennemi n’avait d’autre ressource que de rebrousser chemin ou de se hasarder dans des montagnes inaccessibles. Le général allemand était donc dans une parfaite sécurité. Il jouait paisiblement aux cartes, quand il reçut la nouvelle que Tölöki, à la tête des mécontents, des Tatars et des janissaires, avait passé les montagnes malgré les Allemands qui gardaient encore toutes les issues praticables. Cela lui semblait impossible ; et quand on a vu les précipices sur lesquels il comptait pour arrêter l’ennemi, on a peine à croire qu’ils aient pu être franchis par des cavaliers. La tradition a conservé le souvenir de ce passage surnaturel. S’il faut en croire les récits des