Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/107

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faire élire à sa place le comte Emeric Tököli, lequel s’engagerait à demeurer tributaire de la Porte. Tököli reçut des Turcs l’étendard, le sceptre, le cafetan, et un secours d’environ quarante mille hommes renforcés par les mécontents hongrois, les cavaliers tatars, et quinze mille soldats tirés de la Valachie. Il somma le général Heussler, qui commandait pour l’empereur, de lui céder la Transylvanie. L’Allemand lui fit dire qu’il comptait prendre bientôt le plus grand des rebelles. Heussler se mit en mesure de tenir parole. Il fit munir de troupes impériales et fortifia les défilés de Bodza, de Tömös et de Törtsvár, c’est-à-dire les seuls passages qui ouvrissent la province. En outre, une « insurrection » ou levée en masse fut ordonnée à la noblesse du pays. Le vieux comte Michel Teleki, premier ministre et généralissime des troupes transylvaines, voulut encore commander les Hongrois. Comme il sortait de son château de Gernyeszeg[1] pour se rendre au camp, le cheval qu’il montait fit un faux pas. « Vay, Kálmán a bronché, dit-il à son gendre, mauvais signe ! »

Tököli n’ignorait pas quels préparatifs se faisaient de l’autre côté des montagnes. Un espion intelligent appelé

  1. Près de Maros Vásárhely. Ce château, qui était construit en bois, n’existe plus ; mais on voit encore les énormes fossés qui l’entouraient. Sur remplacement qu’il occupait on a élevé un château moderne.