Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/126

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depuis, le fort servit souvent à la défense du pays. Les Sicules s’y retranchèrent pendant les invasions tatares, sous Béla IV et Ladislas IV. Quand Charles d’Anjou, prince de la maison de France, brigua le trône de Hongrie en 1308, Ladislas Apor, vayvode de Transylvanie, enferma son compétiteur, Othon de Bavière, dans le château de Bálványos, et ne le laissa sortir que sous le serment de renoncer pour toujours à la couronne. Il n’y a pas encore bien long-temps que le nom de Ladislas Apor se lisait sur les murs du château.

Un jour trois jeunes gens de cette maison, qui habitaient Bálványos, devinrent passionnément épris d’une jeune fille noble du pays nommée Hélène Mike. Étienne Apor demanda sa main et fut repoussé. Outrés de l’injure qui était faite à leur nom, ils résolurent tous trois de se venger et d’enlever celle qu’on avait refusée à l’un d’eux. Ils attendirent l’époque du marché de Torja. Quand Hélène parut sur la grande place, les Apor fendirent la foule, et, tandis qu’Étienne saisissait la jeune fille et la portait en courant jusqu’au château, les deux autres arrêtaient ses frères le sabre au poing. Ils furent tués près de l’église de Felsö Torja, dont les ruines sont encore debout. Le ravisseur n’eut pas de peine à persuader celle qu’il avait en son pouvoir, et le chapelain de Bálványos célébra dans le même temps un mariage et des funérailles. Ce fut encore une Hélène Apor qui s’opposa, dans le pays, aux progrès de la réforme.