Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/182

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comme son frère de Hongrie, est grave, réservé. Il parle peu, avec dignité, et ne crie jamais, tout au rebours du Valaque, qui ne peut conduire ses bœufs sans hurler et gesticuler. Celui-ci, pour peu qu’il cause avec vous, deviendra bientôt familier, et vous adressera, sur votre pays et votre personne, des questions inspirées par une curiosité naïve. Le Sicule, par un mouvement d’esprit plus réfléchi, méditera quelque temps avant de faire sa demande ; mais ne se contentera pas d’une demi-réponse, et vous serez frappé de l’ordre et de l’intelligence qu’il met à vous interroger. Il vous racontera avec la même franchise ce qui le préoccupe, et s’informera de votre avis. À l’époque où je me trouvais parmi les Sicules, les employés du gouvernement effectuaient une opération cadastrale, et de distance en distance plantaient des jalons dans les montagnes. Cela inquiétait fort les habitants, qui me demandaient « ce que l’empereur allemand voulait entreprendre contre eux ».

Pour ce qui est de leur extérieur, les Sicules sont grands, bien faits, vigoureux. Leurs moustaches sont noires et leurs traits réguliers. Mais ils n’ont pas communément ce type oriental particulier aux paysans des steppes de Hongrie, et que les Magyars doivent, dit-on, au long séjour qu’ils firent dans le Caucase. L’expression qui domine dans leur physionomie, c’est la fermeté, le courage calme, uni à un air de bienveillance, qui plaît chez des hommes taillés en Hercule. Fiez-vous