Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/185

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donc à Ammien Marcellin, qui appelle les Huns « des monstres à deux pieds », et « des poteaux grossièrement taillés ». Voilà treize siècles que cela se répète.

Les Sicules portent ordinairement les cheveux courts : quelquefois ils les nattent ou les réunissent en une seule touffe qui pend sur le côté. Ils aiment à se vêtir de toile, suivant la coutume hongroise. On ne peut imaginer un costume plus propre, et l’on est heureux d’oublier les habits gras des villageois allemands. Lorsqu’on arrive dans les auberges des campagnes, et j’appelle ainsi les maisons dont les écuries peuvent contenir les six chevaux d’un voyageur, le paysan étale sur la table massive qui occupe le milieu de la principale chambre une nappe blanche comme la neige, ce qui donne du prix au souper, si maigre qu’il soit. Quelques chaises à siège de bois fort simples et de grands lits très étroits forment l’ameublement ordinaire des chaumières. Il est rare que le portrait de Wesselényi ne soit pas pendu au mur : aucun homme n’est plus populaire ; bien qu’il se soit retiré du monde politique, il est encore le chef, le héros des Sicules. Quelquefois en avant de la maison se trouve une grande porte de bois sculptée qui ferme la haie, et sur laquelle est gravé en latin ou en hongrois le nom du propriétaire. Lorsque ces portes sont placées là depuis longues années, elles se noircissent et se penchent par l’effet du temps, et donnent au village un aspect mélancolique.