Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/188

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cette suite de siècles, les Cumans se virent débordés par les anciens possesseurs du sol, auxquels ils ne s’étaient pas mêlés, et ils auraient peut-être disparu si des colons hongrois n’étaient venus de Transylvanie se réunir à eux. La plupart des nouveaux arrivants étaient Sicules. Les émigrations ont dû commencer de bonne heure, car dans les anciennes chartes on reconnaît les Sicules à ce qu’ils portent des noms chrétiens, tandis que les Cumans sont désignés, suivant la coutume barbare, par des épithètes dans le genre de celles-ci : Kancsal, louche ; Agaras, qui a des lévriers ; Körmös, qui a des ongles ; Szarka, pie ; Róka, renard ; Csalán, ortie ; etc. On calcule qu’aujourd’hui les descendants des anciens Cumans sont réduits au nombre de quinze mille individus, le reste des habitants hongrois étant d’origine sicule. Ils ont gardé quelques traditions sur leurs pères, et affirment encore que les collines, kun halmak, qu’on remarque sur quelques points du pays, servaient d’autels aux Cumans, qui y sacrifiaient des chevaux blancs à leur divinité.

Les migrations des Sicules en Moldavie, qui commencèrent dès le moyen-âge, n’ont jamais discontinué. Sous Mathias Corvin et Uadislas VII, des milliers de colons vont s’établir dans ce pays. Étienne Dobó, en 1555, accorde de nouveau aux Sicules la faculté d’émigrer, qui leur avait été enlevée : car c’était souvent après leurs révoltes, pour éviter les châtiments, qu’ils abandonnaient