Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/240

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de et fort peuplée, mais qui n’est ni entourée de murailles ni fortifiée, comme le reste des villes de la Transylvanie hongroise. Nous y fîmes repaître nos chevaux, et nous en partîmes pour nous rendre à Bistricz, d’où nous espérions nous rendre de bonne heure au château de Görgény. Mais ma mauvaise étoile nous fit tomber dans un gros de Tatars qui commençaient à faire leurs courses de ce côté là. Nous nous en vîmes entourée en un instant, sans pouvoir nous échapper d’aucun côté. Ces barbares, nous ayant liés et garottés sur nos chevaux, nous emmenèrent vers le coucher du soleil dans une profonde forêt, qu’ils avaient choisie pour leur retraite pendant la nuit ; nous fûmes obligés de les suivre avec toute la tristesse qu’il est facile de concevoir. Lorsque nous fûmes arrivés, ils nous lièrent dos à dos, Patko et moi, de doubles cordes qu’ils portent ordinairement pour s’assurer de leurs captifs ; et, outre celles qui nous serraient très fort les bras, ils nous en mirent d’autres au dessus des genoux qui ne nous serraient pas moins, en sorte que nous ne pouvions nous remuer d’aucune façon.

» Dans ce triste état nous vîmes nos Tatars égorger un bœuf qu’ils avaient pris dans la campagne, et, après l’avoir dépouillé de sa peau, ils le coupèrent par morceaux qu’ils distribuèrent entre eux ; et, ayant fait de grands feux, ils en firent rôtir la viande sur les charbons. Quand elle fut à moitié cuite, ils la mangèrent