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Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/300

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« comme le comporte, dit le chroniqueur, l’ardeur germanique ». Cadan, qui s’était arrêté non loin de la ville, attendait le moment où ils seraient hors d’état de résister. Il revint en toute hâte, et fit main basse sur les habitants. Il sauva cependant six cents des meilleurs soldats allemands avec leur chef Aritscald, les força de se réunir à son armée, et regagna sa forêt.

Ce qui confirme le récit du chroniqueur, c’est une ruine qui se voit au milieu de Radna. On reconnaît sans peine une église dans le reste de l’édifice, qui est orné çà et là d’ogives. Dans les caveaux, qui sont béants, on voit une quantité d’ossements humains. La population actuelle de Radna ne remplirait pas l’antique église : il est évident qu’elle était autrefois plus considérable. Au reste, pour retrouver ici les souvenirs des Tatars, il n’est pas nécessaire de remonter au 13e siècle. Pour peu qu’on s’approche encore de la frontière, on rencontre une longue terrasse qui joint deux montagnes, et qu’on appelle rempart tatar, tatár Sántz, parce que dans un moment désespéré les Tatars, dit-on, l’élevèrent en une nuit. Si l’on fait encore quelques pas, on arrive en face de la dernière montagne de Transylvanie, car le versant opposé tient à la Bucovine. On peut remarquer dans toute la longueur de cette montagne un sentier périlleux, qu’on prendrait pour le lit d’un torrent. C’est par là que les Tatars arrivaient. En face de ce chemin à pic, creusé par les pieds des chevaux, on