Page:Auguste de Gérando - La Transylvanie et ses habitants, 1845, Tome II.djvu/51

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eut l’adresse de l’effrayer de la colère des Turcs, et devint aussitôt possesseur de « ce véritable duché », comme dit l’historien Bethlen.

Les seigneurs de Fagaras étaient libres barons, c’est-à-dire qu’ils étaient presque rois sur leurs terres. Il n’est peut-être pas hors de propos d’entrer ici dans quelques détails.

Quand les rois de Hongrie voulaient récompenser un noble qui s’était distingué dans la guerre, ils lui conféraient une baronnie, c’est-à-dire une terre dont il devenait maître, sous la condition d’en mener les habitants au combat. C’était la seule charge du libre baron ; aussi les évêques qui étaient investis de cette dignité devaient-ils avoir fait leurs preuves de valeur. Un diplôme où étaient représentés les emblèmes du courage militaire lui était remis comme acte de donation. La cérémonie d’investiture avait lieu en présence des grands de l’état : le roi tirait l’épée et déclarait que le récipiendaire était admis au nombre des libres barons, avec la faculté de jouir des droits et privilèges que ce rang élevé comportait. Les guerriers qui étaient présents ressentaient à l’envi une noble émulation, et à la première bataille le souverain les retrouvait plus intrépides encore.

On a vu que l’évêque de Transylvanie avait rang de libre baron. La terre de Fagaras, celle de Kövár, étaient comptées comme libres baronnies avec les châteaux de Déva et de Görgény. Les seigneurs auxquels le prince