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LUTIN

il était environné de girandoles garnies de rubis et de diamans ; mais c’était moins que rien auprès de l’incomparable beauté de la princesse. Son air enfantin avait toutes les grâces des plus jeunes personnes, avec toutes les manières de celles qui sont déjà formées ; rien n’était égal à la douceur et à la vivacité de ses yeux : il était impossible de lui trouver un défaut : elle souriait gracieusement à ses filles d’honneur qui s’étaient ce jour-là vêtues en nymphes pour la divertir.

Comme elle ne voyait point Abricotine, elle leur demanda où elle était ? Les nymphes répondirent qu’elles l’avaient cherchée inutilement, qu’elle ne paraissait point. Lutin mourant d’envie de causer, prit un petit ton de voix de perroquet, (car il y en avait plusieurs dans la chambre) et dit : « Charmante princesse, Abricotine reviendra bientôt, elle courait grand risque d’être enlevée, sans un jeune prince qui l’a tirée des mains de ses ravisseurs. » La princesse demeura surprise de ce que lui disait le perroquet, car il avait répondu très-juste : « Vous êtes bien joli, petit perroquet, lui dit-elle, mais vous avez l’air de vous tromper, et quand Abricotine sera venue, elle vous fouettera. — Je ne serai point fouetté, répondit Lutin, contrefaisant toujours le perroquet, elle vous contera l’envie qu’avait cet étranger de pouvoir venir dans ce palais, pour détruire dans votre esprit les fausses idées que vous avez prises contre son sexe. — En vérité, perroquet, s’écria la princesse, c’est