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LA PRINCESSE

mais vu tant de richesse ensemble. À cette vue la reine se pâmait d’admiration ; pour la princesse elle regardait tout cela assez indifféremment, parce qu’elle ne songeait qu’à Fanfarinet.

On remercia le nain ; il eut une pistole pour boire, et plus de mille aunes de nompareille de toutes les couleurs, dont il se fit de belles jarretières, un nœud à sa cravatte et à son chapeau. Ce nain était si petit, que quand il eut tous ces rubans on ne le voyait plus. La reine lui dit qu’elle chercherait quelque belle chose pour renvoyer aux fées ; et la princesse, qui était fort généreuse, leur fit présent de plusieurs rouets d’Allemagne, avec des quenouilles de bois de cèdre.

L’on mit à la princesse tout ce que le nain avait apporté de plus rare ; elle parut à tout le monde d’une si grande beauté, que le soleil s’en cacha de dépit, et la lune, qui n’est pas trop honteuse, n’osa paraître tant qu’elle fut en chemin. Elle allait à pied par les rues, marchant sur de riches tapis : le peuple assemblé en foule criait autour d’elle : « Ah ! qu’elle est belle ! ah ! qu’elle est belle ! »

Comme elle allait dans ce pompeux appareil, entre la reine et quatre ou cinq douzaines de princesses du sang, sans compter plus de dix douzaines qui étaient venues des états voisins pour assister à cette fête, le ciel commença de s’obscurcir, le tonnerre grondait, et la pluie, mêlée de grêle, tombait par torrens. La reine mit son manteau royal sur sa tête ; toutes les dames y mirent leurs jupes. Printanière en allait faire au-