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LA PRINCESSE

fouiller : on lui trouva les cent écus d’or tout neufs ; car on avait battu monnaie pour les noces de la princesse. L’amiral le questionna ; et pour n’être point obligé de répondre, il feignait d’être sourd et muet. « Ça, dit l’amiral, que l’on m’attache ce muet au grand mât, et qu’on lui donne les étrivières ; il n’y a rien de meilleur pour les muets. » Quand le vieillard vit que c’était tout de bon, il avoua qu’une fille plus céleste qu’humaine, et un gentil cavalier lui avaient commandé de les conduire dans l’île déserte des Écureuils. À ces mots l’amiral jugea bien que c’était la princesse ; il fit avancer sa flotte pour entourer l’île.

Cependant Printanière, fatiguée de la mer, ayant trouvé un gazon vert sous des arbres épais, se coucha dessus et s’endormit doucement ; mais Fanfarinet qui avait plus de faim que d’amour, ne la laissa pas long-temps en repos : « Croyez-vous, madame, lui dit-il en l’éveillant, que je puisse demeurer long-temps ici ? je n’y vois rien à manger : quand vous seriez plus belle que l’aurore ; cela ne me suffirait pas, il faut de quoi se nourrir ; j’ai les dents bien longues, et l’estomac bien vide. — Quoi ! Fanfarinet, répliqua-t-elle ; est-il possible que les marques de mon amitié ne vous tiennent lieu de rien ? Est-il possible que vous ne soyez pas occupé de votre bonne fortune ? — Je le suis bien plutôt de mon malheur, s’écria-t-il ; plût au ciel que vous fussiez encore dans votre noire tour ! — Beau chevalier, lui dit-