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PRINTANIÈRE.

elle gracieusement, je vous prie de ne vous point fâcher, je vais chercher partout, peut-être que je trouverai des fruits. — Puissiez-vous, lui dit-il, trouver un loup qui vous mange. » La princesse affligée courut dans le bois, déchirant ses beaux habits aux ronces, et sa peau blanche aux épines : elle était égratignée comme si elle avait joué avec des chats ( voilà ce que c’est d’aimer les garçons, il n’en arrive que des peines). Après avoir été partout, elle revint bien triste vers Fanfarinet, et lui dit qu’elle n’avait rien trouvé ; il lui tourna le dos, et s’éloigna d’elle, grommelant entre ses dents.

Ils cherchèrent le lendemain aussi inutilement ; de sorte qu’ils restèrent trois jours sans manger que des feuilles et quelques hannetons. La princesse ne s’en plaignait point, quoiqu’elle fût bien plus délicate : « Je serais contente, lui disait-elle, si je souffrais seule, et je ne me soucierais pas de mourir de faim, pourvu que vous eussiez de quoi faire bonne chère. — Il me serait indifférent, répliqua-t-il, que vous mourussiez, si j’avais ce qu’il me faut. — Est-il possible, ajouta-t-elle, que vous seriez si peu touché de ma mort ? Sont-ce là les sermens que vous m’avez faits ? — Il y a grande. différence, dit-il, d’un homme à son aise, qui n’a ni faim ni soif, ou d’un malheureux prêt à expirer dans une île déserte. — Je suis dans le même danger, continua-t-elle, et je ne m’en plains pas. — Vous y auriez bonne grâce, reprit-il brusquement, vous avez voulu quitter père et mère pour venir courir la pretentaine, Nous voilà fort à notre