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ROSETTE.

quand elle vit ses frères, elle se leva, et fut prendre la main du roi, lui disant : « Bonjour, sire ; à présent vous êtes roi, et moi votre petite servante ; je vous prie de me retirer de la tour, où je m’ennuie bien fort. » Et là-dessus elle se mit à pleurer. Le roi l’embrassa, et lui dit de ne point pleurer ; qu’il venait pour l’ôter de la tour, et la mener dans un beau château. Le prince avait tout plein ses pochettes de dragées, qu’il donna à Rosette : « Allons, lui dit-il, sortons de cette vilaine tour, le roi te mariera bientôt, ne t’afflige point. »

Quand Rosette vit le beau jardin tout rempli de fleurs, de fruits, de fontaines, elle demeura si étonnée, qu’elle ne pouvait pas dire un mot, car elle n’avait encore jamais rien vu. Elle regardait de tous côtés, elle marchait, elle s’arrêtait, elle cueillait des fruits sur les arbres, et des fleurs dans le parterre. Son petit chien, appelé Fretillon, qui était vert comme un perroquet, qui n’avait qu’une oreille, et qui dansait à ravir, allait devant elle, faisant jap, jap, jap, avec mille sauts et mille cabrioles.

Fretillon réjouissait fort la compagnie ; il se mit tout d’un coup à courir dans un petit bois. La princesse le suivit, et jamais l’on n’a été plus émerveillé qu’elle le fut, de voir dans ce bois un grand paon qui faisait la roue, et qui lui parut si beau, si beau, qu’elle n’en pouvait retirer ses yeux. Le roi et le prince arrivèrent auprès d’elle, et lui demandèrent à quoi elle s’amusait ? Elle leur montra le paon, et leur demanda ce que cela ? Ils lui dirent que c’était un