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LA PRINCESSE

pistole. Après cela, ils partirent pour achever leur voyage ; et comme ils savaient le chemin, ils ne furent pas long-temps sans arriver. Ils voyaient tous les arbres chargés de paons ; et tout en était si rempli, qu’on les entendait crier et parler de deux lieues.

Le roi disait à son frère : « Si le roi des Paons est un paon lui-même, comment notre sœur prétend-elle l’épouser ? Il faudrait être fou pour y consentir. Voyez la belle alliance qu’elle nous donnerait ; des petits paonaux pour neveux. » Le prince n’était pas moins en peine. « C’est-là, dit-il, une malheureuse fantaisie qui lui est venue dans l’esprit, je ne sais où elle a été deviner qu’il y a dans le monde un roi des Paons. »

Quand ils arrivèrent à la grande ville, ils virent qu’elle était pleine d’hommes et de femmes, mais qu’ils avaient des habits faits de plumes de paons, et qu’ils en mettaient partout comme une fort belle chose. Ils rencontrèrent le roi qui s’allait promener dans un beau petit carrosse d’or et de diamans, que douze paons menaient à tout bride. Ce roi des Paons était si beau, si beau, que le roi et le prince en furent charmés ; il avait de longs cheveux blonds et frisés, le visage blanc, une couronne de queue de paons. Quand il les vit, il jugea que puisqu’ils avaient des habits d’une autre façon que les gens du pays, il fallait qu’ils fussent étrangers ; et pour le savoir, il arrêta son carrosse, et les fit appeler.