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ROSETTE.

Le roi et le prince vinrent à lui, ayant fait la révérence, ils lui dirent : « Sire, nous venons de bien loin pour vous montrer un beau portrait. » Ils tirèrent de leur valise le grand portrait de Rosette. » Lorsque le roi des Paons l’eut bien regardé : « Je ne peux croire, dit-il, qu’il y ait au monde une si belle fille. — Elle est encore cent fois plus belle, dit le roi. — Ah ! vous vous moquez, répliqua le roi des Paons. — Sire, dit le prince, voilà mon frère qui est roi comme vous : il s’appelle le roi, et moi je me nomme le prince ; notre sœur, dont voici le portrait, est la princesse Rosette : nous vous venons demander si vous la voulez épouser ; elle est belle et bien sage, et nous lui donnerons un boisseau d’écus d’or. — Oui-dà, dit le roi, je l’épouserai de bon cœur ; elle ne manquera de rien avec moi, je l’aimerai beaucoup ; mais je vous assure que je veux qu’elle soit aussi belle que son portrait, et que s’il s’en manque la moindre petite chose, je vous ferai mourir. — Hé bien ! nous y consentons, dirent les deux frères de Rosette. — Vous y consentez ? ajouta le roi. Allez donc en prison, et vous y tenez jusqu’à ce que la princesse soit arrivée. » Les princes le firent sans difficulté ; car ils étaient bien certains que Rosette était plus belle que son portrait.

Lorsqu’ils furent dans la prison, le roi les envoya servir à merveille ; il les allait voir souvent, et il avait dans son château le portrait de Rosette dont il était si affolé, qu’il ne dormait ni jour ni nuit. Comme le roi et son frère étaient en prison,