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DES FÉES.

Jamais un importun nuage,
Du soleil, en ces lieux, ne couvre le visage ;
Mille couleurs de Flore embellissent le sein ;
Voyez quelle vive verdure
De tant d’aimables fleurs relève la peinture :
Dans ces bois enchantés, écoutez les oiseaux ;
Voyez dans ces fertiles plaines
Errer ces paisibles troupeaux,
Et sur l’émail des prés serpenter les fontaines ;
Voyez jusques aux cieux ces bondissantes eaux ;
Jusqu’au fond des vallons ces bruyantes cascades,
Ces ténébreuses promenades
Dont tous ces bois sont embellis.
Les bergers y sont plus polis,
Les bergères plus gracieuses.
On cesse de vanter, en voyant ces beaux lieux,
Les retraites délicieuses
Qu’habitaient autrefois les dieux.
Dans le sein d’une paix durable,
Ici règne la majesté ;
Ici d’une agréable bonté
La grandeur est inséparable :
Mais rien toutefois d’admirable
Ne vient ici frapper mes yeux,
Que la princesse incomparable
Pour qui s’embellissent ces lieux.

» La nymphe de Saint-Cloud se lassait aussi peu de parler que moi de l’entendre, continua madame D…., lorsqu’elle m’a semblé inquiète du bruit que vous faisiez en vous approchant. Adieu, m’a-t-elle dit, je vous croyais seule ; mais puisque vous êtes en compagnie, je vous reverrai une autre fois. En disant ces mots, elle est disparue. Je vous avoue que je n’ai point été trop fâchée de vous voir approcher, car je commençais à m’effrayer d’une telle aventure. — Vous