Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/285

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LE NAIN

JAUNE.


CONTE.



Il était une fois une reine, à laquelle il ne resta de plusieurs enfans qu’elle avait eus, qu’une fille qui en valait plus de mille ; mais sa mère se voyant veuve, et n’ayant rien au monde de si cher que cette jeune princesse, elle avait une si terrible appréhension de la perdre, qu’elle ne la corrigeait point de ses défauts, de sorte que cette merveilleuse personne, qui se voyait d’une beauté plus céleste que mortelle, et destinée à porter une couronne, devint si fière et entêtée de ses charmes naissans, qu’elle méprisait tout le monde.

La reine sa mère aidait par ses caresses et par ses complaisances, à lui persuader qu’il n’y avait rien qui pût être digne d’elle : on la voyait presque toujours vêtue en Pallas et en Diane, suivie des premières de la cour, habillés en nymphes ; enfin, pour donner le dernier coup à sa vanité, la reine la nomma Toute-Belle, et l’ayant fait peindre par les plus habiles peintres, elle envoya son portrait chez plusieurs rois, avec lesquels elle entretenait une étroite amitié. Lorsqu’ils virent ce portrait, il n’y en eut au-