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JAUNE.

En même temps la pauvre princesse les entendit qui venaient avec de longs hurlemens. « Que vais-je devenir ? s’écria-t-elle. Quoi, je finirai donc ainsi mes beaux jours ? » Le méchant nain la regardait, et riant dédaigneusement : « Vous aurez au moins la gloire de mourir fille lui dit-il, et de ne pas mésallier votre éclatant mérite avec un misérable nain tel que moi. — De grâce, ne vous fâchez pas, lui dit la princesse en joignant ses belles mains, j’aimerais mieux épouser tous les nains de l’univers, que de périr d’une manière si affreuse. Regardez-moi bien, princesse, avant que de me donner votre parole, répliqua-t-il, car je ne prétends pas vous surprendre. — Je vous ai regardé de reste, lui dit-elle ; les lions approchent, ma frayeur augmente ; sauvez-moi, sauvez-moi, ou la peur me fera mourir. »

Effectivement elle n’avait pas achevé ces mots, qu’elle tomba évanouie, et, sans savoir comment, elle se trouva dans son lit avec le plus beau linge du monde, les plus beaux rubans, et une petite bague faite d’un seul cheveu roux, qui tenait si fort, qu’elle se serait plutôt arraché la peau, qu’elle ne l’aurait ôtée de son doigt.

Quand la princesse vit toutes ces choses, qu’elle se souvint de ce qui s’était passé la nuit, elle tomba dans une mélancolie qui surprit et qui inquiéta toute la cour ; la reine en fut plus alarmée que personne ; elle lui demanda cent et cent fois ce qu’elle avait : elle s’opiniâtra à