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LE NAIN

lui cacher son aventure. Enfin, les états du royaume impatiens de voir leur princesse mariée, s’assemblèrent et vinrent ensuite trouver la reine pour la prier de lui choisir au plus tôt un époux. Elle répliqua qu’elle ne demandait pas mieux, mais que sa fille y témoignait tant de répugnance, qu’elle leur conseillait de l’aller trouver et de la haranguer : ils y furent sur-le-champ. Toute-Belle avait bien rabattu de sa fierté depuis son aventure avec le Nain Jaune, elle ne comprenait pas de meilleur moyen pour se tirer d’affaire, que de se marier à quelque grand roi, contre lequel ce petit magot ne serait pas en état de disputer une conquête si glorieuse. Elle répondit donc plus favorablement que l’on ne l’avait espéré, qu’encore qu’elle se fût estimée heureuse de rester fille toute sa vie, elle sentait à épouser le roi des mines d’or : c’était un prince très-puissant et très-bien fait, qui l’aimait avec la dernière passion depuis quelques années, et qui jusqu’alors n’avait pas eu lieu de se flatter d’aucun retour.

Il est aisé de juger de l’excès de sa joie : lorsqu’il apprit de si charmantes nouvelles, et de la fureur de tous ses rivaux, de perdre pour toujours une espérance qui nourrissait leur passion ; mais Toute-Belle ne pouvait pas épouser vingt rois, elle avait eu même bien de la peine d’en choisir un ; car sa vanité ne se démentait point, et elle était fort persuadée que personne au monde ne pouvait lui être comparable.

L’on prépara toutes les choses nécessaires