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LE NAIN

rent pas moins que son extrême laideur ; elle s’appuyait sur une béquille, elle avait une fraise de taffetas noir, un chaperon de velours rouge, un vertugadin en guenille ; elle fit trois tours avec les coqs-d’Inde sans dire une parole, puis s’arrêtant au milieu de la galerie, et branlant sa béquille d’une manière menaçante : « Ho, ho, reine ; ho, ho, princesse, s’écria-t-elle, vous prétendez donc fausser impunément la parole que vous avez donnée à mon ami le Nain Jaune ? Je suis la fée du Désert : sans lui, sans son oranger, ne savez-vous pas que mes grands lions vous auraient dévorées ? L’on ne souffre pas dans le royaume de Féerie de telles insultes : songez promptement à ce que vous voulez faire ; car je jure par mon escoëfion que vous l’épouserez, ou que je brûlerai ma béquille.

— Ah ! princesse dit la reine en pleurant, qu’est-ce que j’apprends ? qu’avez-vous promis ? — Ah ! ma mère, répliqua douloureusement Toute-Belle, qu’avez-vous promis vous-même ? » Le roi des mines d’or indigné de ce qui se passait, et que cette méchante vieille vint s’opposer à sa félicité, s’approcha d’elle l’épée à la main et la portant à sa gorge : « Malheureuse, lui dit-il, éloigne-toi de ces lieux pour jamais, ou la perte de ta vie me vengera de ta malice.

Il eut à peine prononcé ces mots, que le dessus de la boite sauta jusqu’au plancher avec un bruit affreux, et l’on en vit sortir le Nain Jaune, monté sur un gros chat d’Espagne,