Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/299

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
287
JAUNE.

qui vint se mettre entre la fée du Désert et le roi des mines d’or : « Jeune téméraire, lui dit-il, ne pense pas outrager cette illustre fée ; c’est à moi seul que tu as affaire ; je suis ton rival : je suis ton ennemi ; l’infidèle princesse qui veut se donner à toi, m’a donné sa parole et a reçu la mienne ; regarde si elle n’a pas une bague d’un de mes cheveux ; tâche de la lui ôter, et tu verras par ce petit essai, que ton pouvoir est moindre que le mien. — Misérable monstre, lui dit le roi, as-tu bien la témérité de te dire l’adorateur de cette divine princesse, et de prétendre à une possession si glosieuse ! Songes-tu que tu es un magot, dont la hideuse figure fait mal aux yeux, et que je t’aurais déjà ôté la vie, si tu étais digne d’une mort si glorieuse ! » Le Nain Jaune, offensé jusqu’au fond de l’âme, appuya l’éperon dans le ventre de son chat, qui commença un miaulis épouvantable, et sautant deçà et de la, il faisait peur à tout le monde, hors au brave roi, qui serrait le nain de près, quand il tira un large coutelas dont il était armé, et défiant le roi au combat, il descendit dans la place du palais, avec un bruit étrange.

Le roi courroucé le suivit à grands pas. A peine furent-ils vis-à-vis l’un de l’autre et toute la cour sur des balcons, que le soleil devenant tout d’un coup aussi rouge que s’il eût été ensanglanté, il s’obscurcit à tel point, qu’à peine se voyait-on : le tonnerre et les éclairs semblaient vouloir abîmer le monde ; et les deux