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SERPENTIN

La princesse demanda encore s’il était marié : on lui dit que non, et qu’il était si aimable qu’il n’avait trouvé jusqu’alors personne digne de lui. Elle ne poussa pas plus loin sa curiosité ; elle se déshabilla et se mit dans le bain. Aussitôt pagodes et pagodines se mirent à chanter et à jouer des instrumens : tels avaient des théorbes faits d’une coquille de noix ; tels avaient des violes faites d’une coquille d’amande ; car il fallait bien proportionner les instrumens à leur taille ; mais tout cela était si juste et s’accordait si bien, que rien ne réjouissait davantage que ces sortes de concerts.

Lorsque la princesse fut sortie du bain, on lui présenta une robe de chambre magnifique ; plusieurs pagodes, qui jouaient de la flûte et du hautbois, marchaient devant elle ; plusieurs pagodines la suivaient chantant des vers à sa louange : elle entra ainsi dans une chambre ou sa toilette était mise. Aussitôt pagodines dames d’atours pagodines femmes de chambre allaient et venaient, la coiffaient, l’habillaient, la louaient, l’applaudissaient, il n’était plus question de laideur, de jupe de zinzolin, ni de ruban gras.

La princesse était véritablement étonnée. « Qu’est-ce qui peut, disait-elle, me procurer un bonheur si extraordinaire ? Je suis sur le point de périr, j’attends la mort, je ne puis espérer autre chose et cependant je me trouve tout d’un coup dans le lieu du monde le plus agréable, le plus magnifique, et où l’on me témoigne le plus de joie de me voir ! » Comme elle avait