Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/355

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
343
VERT.

bois de la montagne, et je n’y viens guère sans y trouver de nouveaux animaux, parce que les fées continuent de voyager, et que l’on continue de les irriter par des fautes infinies ; mais pendant le séjour que vous ferez ici, vous aurez lieu de vous divertir au récit de toutes les aventures des personnes qui y sont. » Plusieurs aussitôt lui offrirent de lui raconter les leurs quand elle voudrait ; elle les en remercia très-civilement et comme elle avait plus d’envie de rêver que de parler, elle chercha un endroit solitaire, où elle pût rester seule. Dès qu’elle l’eut marqué, il s’y éleva un petit palais, et on lui servit le plus galant repas du monde ; il n’était que de fruits, mais de fruits très-rares, les oiseaux les apportaient, et tant qu’elle fut dans ce bois, elle ne manqua de rien.

Il y avait quelquefois des fêtes plus agréables par la singularité, que par tout le reste : on y voyait des lions danser avec des agneaux, les ours conter des douceurs aux colombes, et les serpens se radoucir pour les linottes. On voyait un papillon en intrigue avec une panthère. Enfin rien n’était assorti selon son espèce, car il ne s’agissait pas d’être tigre ou mouton ; mais seulement des personnes que les fées voulaient punir de leurs défauts.

Ils aimaient la reine Discrète jusqu’à l’adoration ; chacun la rendait arbitre de ses différens ; elle avait un pouvoir absolu dans cette petite république, et si elle ne s’était pas reproché sans cesse les malheurs de Serpentin Vert, elle aurait