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LA GRENOUILLE

toutes celles qui avaient été querir les mouches, elles aidèrent à la reine à élever un petit bâtiment le plus joli du monde ; mais elle y fut à peine couchée, que les monstres du lac, jaloux de son repos, vinrent la tourmenter par le plus horrible charivari que l’on eût entendu jusqu’alors. Elle se leva toute effrayée et s’enfuit : c’est ce que les monstres demandaient. Un dragon, jadis tyran d’un des plus beaux royaumes de l’univers, en prit posSession.

La pauvre reine affligée, voulut s’en plaindre, mais vraiment on se moqua bien d’elle ; les monstres la huèrent, et la fée Lionne lui dit que si à l’avenir elle l’étourdissait de ses lamenfations, elle la rouerait de coups. Il fallut se taire et recourir à la grenouille, qui était bien la meilleure personne du monde. Elles pleurèrent ensemble ; car aussitôt qu’elle avait son chaperon de roses, elle était capable de rire et de pleurer tout comme un autre. « J’ai, lui dit-elle, une si grande amitié pour vous, que je veux recommencer votre bâtiment, quand tous les monstres du lac devraient s’en désespérer. » Elle coupa sur-le-champ du bois, et le petit palais rustique de la reine se trouva fait en si peu de temps qu’elle s’y retira la même nuit.

La grenouille attentive à tout ce qui était nécessaire à la reine, lui fit un lit de serpolet et de thym sauvage. Lorsque la méchante fée sut que la reine ne couchait plus par terre, elle l’envoya querir : « Quels sont donc les hommes