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AU BOIS.

voulait la conserver, il fallait absolument qu’elle trouvât un moyen de rompre cette affaire. La dame d’honneur lui dit de ne se point affliger, qu’elle tâcherait de remédier à sa peine en la rendant heureuse.

Lorsque la reine envoya sa chère enfant, elle la recommanda au-delà de tout ce qu’on peut dire à cette mauvaise femme. « Quel dépôt ne vous confié-je pas ? lui dit-elle. C’est plus que ma vie : prenez soin de la santé de ma fille, mais surtout soyez soigneuse d’empêcher qu’elle ne voie le jour, tout serait perdu : vous savez de quels maux elle est menacée, et je suis convenue avec l’ambassadeur du prince Guerrier, que jusqu’à ce qu’elle ait quinze ans, on la mettrait dans un château où elle ne verra aucune lumière que celle des bougies. » La reine combla cette dame de présens, pour l’engager à une plus grande exactitude. Elle lui promit de veiller à la conservation de la princesse, et de lui en rendre bon compte aussitôt qu’elles seraient arrivées.

Ainsi le roi et la reine se reposant sur ses soins n’eurent point d’inquiétude pour leur chère fille ; cela servit en quelque façon à modérer la douleur que son éloignement leur causait ; mais Longue-Epine, qui apprenait tous les soirs, par les officiers de la princesse qui ouvraient le carrosse pour lui servir à souper, que l’on approchait de la ville où elles étaient attendues, pressait sa mère d’exécuter son dessein, craignant que le roi ou le prince ne vinssent au-devant