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LA BICHE

d’elle, et qu’il ne fût plus temps ; de sorte qu’environ l’heure de midi où le soleil darde ses rayons avec force, elle coupa tout d’un coup l’impériale du carrosse où elles étaient renfermées avec un grand couteau fait exprès, qu’elle avait apporté. Alors pour la première fois, la princesse Désirée vit le jour. À peine l’eut-elle regardé et poussé un profond soupir, qu’elle se précipita du carrosse sous la forme d’une biche blanche, et se mit à courir jusqu’à la forêt prochaine, où elle s’enfonça dans un lieu sombre, pour y regretter sans témoins, la charmante figure qu’elle venait de perdre.

La fée de la fontaine qui conduisait cette étrange aventure, voyant que tous ceux qui accompagnaient la princesse, se mettaient en devoir, les uns de la suivre et les autres d’aller à la ville, pour avertir le prince Guerrier du malheur qui venait d’arriver sembla aussitôt bouleverser la nature ; les éclairs et le tonnerre effrayèrent les plus assurés, par son merveilleux savoir, elle transporta tous ces gens fort loin, afin de les éloigner du lieu où leur présence lui déplaisait.

Il ne resta que la dame d’honneur, Longue-Epine et Giroflée. Celle-ci courut après sa maîtresse, faisant retentir les bois et les rochers de son nom et de ses plaintes. Les deux autres ravies d’être en liberté, ne perdirent pas un moment à faire ce qu’elles avaient projeté. Longue-Epine mit les plus riches habits de Désirée. Le manteau royal qui avait été fait pour ses