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AU BOIS.

Le roi, ravi de cette aventure, leva les mains et les yeux au ciel pour lui en rendre grâces ; dans ce moment il vit paraître la princesse Désirée, plus belle et plus brillante que tous les astres ensemble. Elle montait un superbe cheval, qui n’allait que par courbettes ; cent plumes de différentes couleurs paraient sa tête, et les plus gros diamans du monde avaient été mis à son habit : elle était vêtue en chasseur : Giroflée qui la suivait, n’était guère moins parée qu’elle. C’étaient là des effets de la protection de Tulipe, elle avait tout conduit avec soin et avec succès ; la jolie maison du bois fut faite en faveur de la princesse, et sous la figure d’une vieille elle l’avait régalée pendant plusieurs jours.

Dès que le prince reconnut ses troupes, et qu’il alla trouver le roi son père, elle entra dans la chambre de Désirée : elle souffla sur son bras pour guérir sa blessure : elle lui donna ensuite les riches habits sous lesquels elle parut aux yeux du roi, qui demeura si charmé, qu’il avait bien de la peine à la croire une personne mortelle. Il lui dit tout ce qu’on peut imaginer de plus obligeant dans une semblable occasion ; et la conjura de ne point différer à ses sujets le plaisir de l’avoir pour reine : « Car je suis résolu, continua-t-il, de céder mon royaume au prince Guerrier, afin de le rendre plus digne de vous. » Désirée lui répondit avec toute la politesse qu’on devait attendre d’une personne si bien élevée ; puis jetant les yeux sur les deux prisonnières qui étaient dans le chariot, et qui se cachaient