Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/455

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LA CHATTE
BLANCHE.


CONTE.



Il était une fois un roi qui avait trois fils bien faits et courageux ; il eut peur que l’envie de régner ne leur prit avant sa mort ; il courait même certains bruits qu’ils cherchaient à s’acquérir des créatures et que c’était pour lui ôter son royaume. Le roi se sentait vieux ; mais son esprit et sa capacité n’ayant point diminué, il n’avait pas envie de leur céder une place qu’il remplissait dignement ; il pensa donc que le meilleur moyen de vivre en repos, c’était de les amuser par des promesses dont il saurait toujours éluder l’effet.

Il les appela dans son cabinet et après leur avoir parlé avec beaucoup de bonté, il ajouta : « Vous conviendrez avec moi, mes chers enfans, que mon grand âge ne permet pas que je m’applique aux affaires de mon état avec autant de soin que je le faisais autrefois : je crains que mes sujets n’en souffrent ; je veux mettre ma couronne sur la tête d’un de vous autres ; mais il est bien juste que, pour un tel présent, vous cherchiez les moyens de me plaire. Dans le dessein que j’ai de me retirer à la campa-