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LA CHATTE

gne, il me semble qu’un petit chien adroit, joli et fidèle, me tiendrait boNNe compagnie ; de sorte que sans choisir mon fils aîné, plutôt que mon cadet, je vous déclare que celui des trois qui m’apportera le plus beau petit chien sera aussitôt mon héritier. » Ces princes demeurèrent surpris de l’inclination de leur père pour un petit chien ; mais les deux cadets y pouvaient trouver leur compte, et ils acceptèrent avec plaisir la commission d’aller en chercher un ; l’aîné était trop timide ou trop respectueux pour représenter ses droits. Ils prirent congé du roi ; il leur donna de l’argent et des pierreries, ajoutant, que dans un an sans y manquer, ils revinssent au même jour et à la même heure, porter leurs petits chiens.

Avant de partir, ils allèrent dans un château qui n’était qu’à une lieue de la ville. Ils y menèrent leurs plus confidens, et firent de grands festins, où les trois frères se promirent une amitié éternelle ; qu’ils agiraient dans l’affaire en question sans jalousie et sans chagrin, et que le plus heureux ferait toujours part de sa fortune aux autres ; enfin ils partirent, réglant, qu’ils se trouveraient à leur retour dans le même château, pour aller ensemble chez le roi ; ils ne voulurent être suivis de personne, et changèrent leurs noms pour n’être pas connus.

Chacun prit une route différente ; les deux aînés eurent beaucoup d’aventures ; mais je ne m’attache qu’à celles du cadet. Il était gracieux, il avait l’esprit gai et réjouissant, la tête