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BLANCHE.

pate un portrait fait en table ; cela le surprit. Il la pria de le lui montrer, croyant que c’était maître Minagrobis. Il fut bien étonné de voir un jeune homme si beau, qu’il était à peine croyable que la nature en pût former un tel, et qui lui ressemblait si fort, qu’on n’aurait pu le peindre mieux. Elle soupira, et devenant encore plus triste, elle garda un profond silence. Le prince vit bien qu’il y avait quelque chose d’extraordinaire là-dessous ; cependant il n’osa s’en informer, de peur de déplaire à la Chatte, ou de la chagriner. Il l’entretint de toutes les nouvelles qu’il savait, et il la trouva fort instruite des différens intérêts des princes et des autres choses qui se passaient dans le monde.

Après le souper, Chatte Blanche convia son hôte d’entrer dans un salon où il y avait un théâtre, sur lequel douze chats et douze singes dansèrent en ballet. Les uns étaient vêtus en Maures et les autres en Chinois. Il est aisé de juger des sauts et des cabrioles qu’ils faisaient, et de temps en temps ils se donnaient des coups de griffes ; c’est ainsi que la soirée finit. Chatte Blanche donna le bonsoir à son hôte ; les mains qui l’avaient conduit jusque-là, le reprirent et le menèrent dans un appartement tout opposé à celui qu’il avait vu. Il était moins magnifique que galant ; tout était tapissé d’ailes de papillons dont les diverses couleurs formaient milles fleurs différentes. Il y avait aussi des plumes d’oiseaux très-rares et qui n’ont peut-être jamais été vus