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BLANCHE.

Chatte Blanche lui dit, en s’adoucissant : Fils de roi, ne te chagrine point, je suis de tes amies, tu peux rester encore ici un jour, et quoiqu’il y ait cinq cents lieues d’ici à ton pays, le bon cheval de bois t’y portera en moins de douze heures. Je vous remercie belle Chatte, dit le prince ; mais il ne suffit pas de retourner vers mon père, il faut que je lui porte un petit chien. — Tiens, lui dit Chatte Blanche, voici un gland où il y en a un plus beau que la Canicule. — Ho ! dit le prince, madame la Chatte, votre majesté se moque de moi. — Approche le gland de ton oreille, continua-t-elle, et tu l’entendras japper. » Il obéit : aussitôt le petit chien fit jap, jap, dont le prince demeura transporté de joie, car tel chien qui tient dans un gland doit être fort petit. Il voulait l’ouvrir, tant il avait envie de le voir ; mais Chatte Blanche lui dit qu’il pourrait avoir froid par les chemins, et qu’il valait mieux attendre qu’il fût devant le roi son père. Il la remercia mille fois et lui dit un adieu très-tendre. « Je vous assure, ajouta-t-il, que les jours m’ont paru si courts avec vous, que je regrette en quelque façon de vous laisser ici ; et quoique vous y soyez souveraine, et que tous les chats qui vous font leur cour, aient plus d’esprit et de galanterie que les nôtres, je ne laisse pas de vous convier de venir avec moi. » La Chatte ne répondit à cette proposition que par un profond soupir.

Ils se quittèrent ; le prince arriva le premier au château où le rendez-vous avait été réglé avec