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BLANCHE.

petite, cela ne se pouvait ; et le roi, très-aise de ce prétexte de dispute, leur montra l’aiguille qu’il avait proposée, et que les magistrats, par son ordre, apportèrent du trésor de la ville ou elle avait été soigneusement enfermée.

Il y avait beaucoup de murmure sur cette dispute. Les amis des princes, et particulièrement ceux de l’aîné, car c’était sa toile qui était la plus belle, disaient que c’était là une franche chicane, où il entrait beaucoup d’adresse et de normanisme. Les créatures du roi soutenaient qu’il n’était point obligé de tenir des conditions qu’il n’avait pas proposées ; enfin pour les mettre tous d’accord, l’on entendit un bruit charmant de trompettes, de timbales et de hautbois ; c’était notre prince qui arrivait en pompeux appareil. Le roi et ses deux fils demeurèrent aussi étonnés les uns que les autres, d’une si grande magnificence.

Après qu’il eut salué respectueusement son père, embrassé. ses frères, il tira d’une boite couverte de rubis, la noix, qu’il cassa ; il croyait y trouver la pièce de toile tant vantée ; mais il у avait au lieu une noisette. Il la cassa encore, et demeura surpris de voir un noyau de cerise. Chacun se regardait, le roi riait tout doucement, et se moquait que son fils eût été assez crédule pour croire apporter dans une noix une pièce de toile : mais pourquoi ne l’aurait-il pas cru, puisqu’il avait déjà donné un petit chien qui tenait dans up gland ? Il cassa, donc le noyau de cerise qui était rempli de son