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LA CHATTE

rantissaient de la chaleur dans la plus ardente canicule. Ce fut en ce lieu que les fées m’élevèrent avec des soins qui surpassaient tout ce qu’elles avaient promis à la reine. Mes habits étaient des plus à la mode, et si magnifiques, que si quelqu’un m’avait vue, l’on aurait cru que c’était le jour de mes noces. Elles m’apprenaient tout ce qui convenait à mon âge et à ma naissance : je ne leur donnais pas beaucoup de peine, car il n’y avait guère de choses que je ne comprisse avec une extrême facilité : ma douceur leur était fort agréable, et comme je n’avais jamais rien vu qu’elles, je serais demeurée tranquille dans cette situation le reste de ma vie.

» Elles venaient toujours me voir, montées sur le furieux dragon, dont j’ai déjà parlé ; elles ne m’entretenaient jamais ni du roi ni de la reine ; elles me nommaient leur fille, et je croyais l’être. Personne au monde ne restait avec moi dans la tour, qu’un perroquet et un petit chien qu’elles m’avaient donnés pour me divertir, car ils étaient doués de raison, et parlaient à merveille.

» Un des côtés de la tour était bâti sur un chemin creux, plein d’ornières et d’arbres qui l’embarrassaient ; de sorte que je n’y avais aperçu personne depuis qu’on m’avait enfermée. Mais un jour comme j’étais à la fenêtre, causant avec mon perroquet et mon chien, j’entendis quelque bruit. Je regardai de tous côtés, et j’aperçus un jeune chevalier qui s’était arrêté