Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/500

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
486
LA CHATTE

pensais bien qu’il n’en avait régalé Perroquet, que pour me donner lieu de le voir ; et quand j’en faisais comparaison avec Migonnet, je n’espérais plus rien de ma vie, et je me résolvais plutôt à mourir qu’à l’épouser.

» Je ne dormis point tant que la nuit dura. Perroquet et Toutou causèrent avec moi ; je m’endormis un peu sur le matin ; et comme mon chien avait le nez bon, il sentir que le roi était au pied de la tour. Il éveilla Perroquet. Je gage, dit-il, que le roi est là-bas. Perroquet répondit : Tais-toi, babillard, parce que tu as presque toujours les yeux ouverts et l’oreille alerte, tu es fâché du repos des autres. — Mais gageons, dit encore le bon toutou, je sais bien qu’il y est. Perroquet répliqua : Et moi, je sais bien qu’il n’y est point ; ne lui ai-je pas défendu d’y venir de la part de notre maîtresse ? — Ha ! vraiment, tu me la donnes belle avec tes défenses, s’écria mon chien, un homme passionné ne consulte que son cœur. Et là-dessus il se mit à lui tirailler si fort les ailes, que Perroquet se fâcha. Je m’éveillai aux cris de l’un et de l’autre ; ils me dirent ce qui en faisait le sujet ; je courus, ou plutôt je volai à ma fenêtre, je vis le roi qui me tendait les bras et qui me dit avec sa trompette, qu’il ne pouvait plus vivre sans moi, qu’il me conjurait de trouver les moyens de sortir de ma tour, ou de l’y faire entrer ; qu’il attestait tous les dieux et tous les élémens, qu’il m’épouserait aussitôt, et que je serais une des plus grandes reines de l’univers.