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BLANCHE.

» Je commandai à perroquet de lui aller dire que ce qu’il souhaitait me semblait presqu’impossible ; que cependant sur la parole qu’il me donnait et les sermens qu’il avait faits j’allais m’appliquer à ce qu’il désirait ; que je le conjurais de ne pas venir tous les jours, qu’enfin l’on pourrait s’en apercevoir, et qu’il n’y aurait point de quartier avec les fées.

» Il se retira comblé de joie, par l’espérance dont je le flattais, et je me trouvai dans le plus grand embarras du monde, lorsque je fis réflexion à ce que je venais de promettre. Comment sortir de cette tour où il n’y avait point de portes ? et n’avoir pour tout secours que Perroquet et Toutou ; être si jeune, si peu expérimentée, si craintive ! je pris donc la résolution de ne point tenter une chose où je ne réussirais jamais, et je l’envoyai dire au roi par Perroquet. Il voulut se tuer à ses yeux ; mais enfin il le chargea de me persuader ou de le venir voir mourir, ou ou de le soulager. « Sire, s’écria l’ambassadeur emplumé, ma maîtresse est suffisamment persuadée, elle ne manque que de pouvoir. »

» Quand il me rendit compte de tout ce qui s’était passé, je m’affligeai plus que je l’eusse encore fait. La fée Violente vint, elle me trouva les yeux enflés et rouges ; elle dit que j’avais pleuré, et que si je ne lui en avouais le sujet, elle me brûlerait ; car toutes ses menaces étaient toujours terribles. Je répondis en tremblant que j’étais lasse de filer, et que j’avais en-