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LA CHATTE

point du tout mon intention ; renvoyez le roi Migonnet, je n’en mettrais pas une épingle davantage : qu’il me trouve belle ou laide, je ne suis point pour lui. — Ouais, ouais, dit la fée en colère, quelle petite révoltée ! quelle tête sans cervelle ! je n’entends pas raillerie, et je te… Que me ferez-vous ? répliquai-je tout rouge des noms qu’elle m’avait donnés. Peut-on être plus tristement nourrie que je le suis, dans une tour avec un perroquet et un chien, voyant tous les jours plusieurs fois l’horrible figure d’un dragon épouvantable ! — Ah ! petite ingrate, dit la fée, méritais-tu tant de soins et de peines ? Je ne l’ai que trop dit à mes sœurs, que nous en aurions une triste récompense. Elle fut les trouver, elle leur raconta notre différent ; elles restèrent aussi surprises les unes que les autres.

» Perroquet et Toutou me firent de grandes remontrances, que si je faisais davantage la mutįne, ils prévoyaient qu’il m’en arriverait de cuisans déplaisirs. Je me sentais si fière de posséder le cœur d’un grand roi, que je méprisais les fées et les conseils de mes pauvres petits camarades. Je ne m’habillai point, et j’affectai de me coiffer de travers, afin que Migonnet me trouvât désagréable. Notre entrevue se fit sur la terrasse. Il y vint dans son chariot de fer. Jamais, depuis qu’il y a des nains, il ne s’en est vu un si petit. Il marchait sur ses pieds d’aigle et sur les genoux tout ensemble ; car il n’avait point d’os aux jambes ; de sorte qu’il se soutenait sur deux béquilles de diamans.