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BLANCHE.

bre comme je préparais tout pour ma fuite. Sa vue me donna tant de joie, que j’en oubliai le péril où nous étions. Il renouvela tous ses sermens, et me conjura de ne point différer de le recevoir pour mon époux. Nous primes Perroquet et Toutou pour témoins de notre mariage. Jamais noces ne se sont faites, entre des personnes si élevées, avec moins d’éclat et de bruit, et jamais cœurs n’ont été plus contens que les nôtres.

» Le jour n’était pas encore venu, quand le roi me quitta ; je lui racontai l’épouvantable dessein des fées de me marier au petit Migonnet ; je lui dépeignis sa figure, dont il eut autant d’horreur que moi. À peine fut-il parti, que les heures me semblèrent aussi longues que des années : je courus à la fenêtre, je le suivis des yeux malgré l’obscurité ; mais quel fut mon étonnement, de voir en l’air un chariot de feu traîné par des salamandres ailées, qui faisaient une telle diligence, que l’œil pouvait à peine le suivre ! Ce chariot était accompagné de plusieurs gardes montés sur des autruches. Je n’eus pas assez de loisir pour bien considérer le magot qui traversait ainsi les airs ; mais je crus aisément que c’était une fée ou un enchanteur.

» Peu après la fée Violente entra dans ma chambre : Je t’apporte de bonnes nouvelles, me dit-elle, ton amant est arrivé depuis quelques heures ; prépare-toi à le recevoir ; voici des habits et des pierreries. — Eh ! qui vous a dit m’écriai-je, que je voulais être mariée ? ce n’est