Page:Aulnoy - Contes des Fées (éd. Corbet), 1825.djvu/507

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
493
BLANCHE.

me en chats et en chattes ; elles en laissèrent à qui l’on ne voyait que les mains, et me réduisirent dans le déplorable état où vous me trouvâtes, me faisant savoir ma naissance, la mort de mon père, celle de ma mère, et que je ne serais délivrée de ma chatonique figure, que par un prince qui ressemblerait parfaitement à l’époux qu’elles m’avaient ravi. C’est vous, seigneur, qui avez cette ressemblance, continua-t-elle, mêmes traits, même air, même son de voix ; j’en fus frappée aussitôt que je vous vis ; j’étais informée de tout ce qui devait arriver, et je le suis encore de tout ce qui arrivera ; mes peines vont finir. — Et les miennes, belle reine, dit le prince, en se jetant à ses pieds, seront-elles de longue durée ? — Je vous aime déjà plus que ma vie, seigneur, dit la reine ; il faut partir pour aller vers votre père, nous verrons ses sentimens pour moi, et s’il consentira à ce que vous désirez. »

Elle sortit, le prince lui donna la main, elle monta dans un chariot avec lui : il était beaucoup plus magnifique que ceux qu’il avait eus jusqu’alors. Le reste de l’équipage y répondait à tel point, que tous les fers des chevaux étaient d’émeraudes, et les clous de diamans. Cela ne s’est peut-être jamais vu que cette fois-là. Je ne dis point les agréables conversations que la reine et le prince avaient ensemble ; si elle était unique en beauté, elle ne l’était pas moins en esprit, et ce jeune prince était aussi parfait qu’elle ; de sorte qu’ils pensaient des choses toutes charmantes.