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LA CHATTE

Lorsqu’ils furent près du château, où les deux frères aînés du prince devaient se trouver, la reine entra dans un petit rocher de cristal dont toutes les pointes étaient garnies d’or et de rubis. Il y avait des rideaux tout autour, afin qu’on ne la vit point, et il était porté par de jeunes hommes très-bien faits et superbement vêtus. Le prince demeura dans le beau chariot ; il aperçut ses frères qui se promenaient avec des princesses d’une excellente beauté. Dès qu’ils le reconnurent, ils s’avancèrent pour le recevoir et lui demandèrent s’il amenait une maîtresse : il leur dit qu’il avait été si malheureux, que dans tout son voyage il n’en avait rencontré que de très-laides ; que ce qu’il apportait de plus rare, c’était une petite Chatte blanche. Ils se prirent à rire de sa simplicité. « Une chatte ! lui dirent-ils, avez-vous peur que les souris ne mangent notre palais ? » Le prince répliqua qu’en effet il n’était pas sage de vouloir faire un tel présent à son père. Là-dessus chacun prit le chemin de la ville.

Les princes aînés montèrent avec leurs princesses dans des calèches toutes d’or et d’azur ; leurs chevaux avaient sur leurs têtes des plumes et des aigrettes ; rien n’était plus brillant que cette cavalcade. Notre jeune prince allait après, et puis le rocher de cristal, que tout le monde regardait avec admiration.

Les courtisans s’empressèrent de venir dire au roi que les trois princes arrivaient : « Amènent-ils de belles dames ? répliqua le roi. — Il est im-