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BLANCHE.

possible de rien voir qui les surpasse. » À cette réponse il parut fàché. Les deux princes s’empressèrent de monter avec leurs merveilleuses princesses. Le roi les reçut très bien, et ne savait à laquelle donner le prix ; il regarda son cadet, et lui dit : « Cette fois-ci vous venez donc seul ? — Votre majesté verra dans ce rocher une petite Chatte blanche, répliqua le prince, qui miaule si doucement, et qui fait si bien pate de velours, qu’elle lui agréera. » Le roi sourit, et fut lui-même pour ouvrir le rocher ; mais aussitôt qu’il s’approcha, la reine, avec un ressort, en fit tomber toutes les pièces, et parut comme le soleil qui a été quelque temps enveloppé dans une nue ; ses cheveux blonds étaient épars sur ses épaules, ils tombaient par grosses boucles jusqu’à ses pieds. Sa tête était ceinte de fleurs, sa robe d’une légère gaze blanche, doublée de taffetas couleur de rose ; elle se leva et fit une profonde révérence au roi, qui ne put s’empêcher, dans l’excès de son admiration, de s’écrier : « Voici l’incomparable et celle qui mérite ma couronne.

— Seigneur, lui dit-elle, je ne suis pas venue pour vous arracher un trône que vous remplissez si dignement ; je suis née avec six royaumes ; permettez que je vous en offre un, et que j’en donne autant à chacun de vos fils. Je ne vous demande pour toute récompense que votre amitié, et ce jeune prince pour époux. Nous aurons encore assez de trois royaumes. » Le roi et toute la cour poussèrent de longs cris de joie et d’étonne-