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LA BELLE

Cabriole, ne voulut pas souper non plus : il vint se mettre auprès de lui. Tant que la nuit fut longue, Avenant ne cessa point de soupirer. « Où puis-je prendre une bague tombée depuis un mois dans une grande rivière, disait il ? c’est toute folie de l’entreprendre. La princesse ne m’a dit cela que pour me mettre dans l’impossibilité de lui obéir. » Il soupirait et s’affligeait très-fort, Cabriole qui l’écoutait, lui dit : « Mon cher maître, je vous prie, ne désespérez point de votre bonne fortune ; vous êtes trop aimable pour n’être pas heureux : allons dès qu’il sera jour au bord de la rivière. » Avenant lui donna deux petits coups de la main, et ne répondit rien ; mais tout accablé de tristesse, il s’endormit.

Cabriole voyant le jour, cabriola tant qu’il l’éveilla, et lui dit : « Mon maître, habillez-vous, et sortons. » Avenant le voulut bien ; il se leva, s’habilla, et descendit dans le jardin, et du jardin il alla insensiblement au bord de la rivière, où il se promenait son chapeau sur ses yeux et ses bras croisés l’un sur l’autre, ne pensant qu’à son départ, quand tout d’un coup il entendit qu’on l’appelait : Avenant, Avenant. Il regarde de tous côtés et ne voit personne ; il croit rêver. Il continue sa promenade ; on le rappelle : Avenant, Avenant. « Qui m’apelle, dit-il » ? Cabriole, qui était fort petit, et qui regardait de près dans l’eau, lui répliqua : « Ne me croyez jamais, si ce n’est une carpe dorée que j’aperçois. » Aussitôt la grosse carpe paraît,