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AUX CHEVEUX D’OR.

et lui dit : « Vous m’avez sauvé la vie dans le pré des Alisiers, où je serais restée sans vous ; je vous promis d’en être reconnaissante. Tenez cher Avenant, voici la bague de la Belle aux Cheveux d’Or. » Il se baissa et la prit dans la gueule de ma commère la carpe, qu’il remercia mille fois.

Au lieu de retourner chez lui, il fut droit au palais avec le petit Cabriole, qui était bien aise d’avoir fait venir son maître au bord de l’eau. L’on alla dire à la princesse qu’il demandait à la voir : « Hélas ! dit-elle, le pauvre gar çon vient prendre congé de moi ; il a considéré que ce que je veux est impossible, et il va le dire à son maître. » L’on fit entrer Avenant, qui lui présenta sa bague, et lui dit : « Princesse voilà votre commandement fait ; vous plaît-il de recevoir le roi mon maître pour époux ? » Quand elle vit sa bague où il ne manquait rien, elle resta si étonnée, qu’elle croyait rêver. « Vraiment, dit-elle, gracieux Avenant, il faut que vous soyez favorisé de quelque fée, car naturellement cela n’est pas possible. Ma dame dit-il, je n’en connais aucune, mais j’avais bien envie de vous obéir. — Puisque vous avez si bonne volonté, continua-t-elle, il faut que vous me rendiez un autre service sans lequel je ne me marierai jamais. Il y a un prince qui ne demeure pas loin d’ici, appelé Galifron, lequel s’était mis dans l’esprit de m’épouser. Il m’a fait déclarer son dessein avec des menaces épouvantables, et a dit que si je le refusais, il